En 2021, un nombre record de 22,8 millions d’enfants déplacés au sein de leurs pays a été constaté par l’UNICEF. Les conflits, la violence et les catastrophes naturelles en sont les principales causes et perturbent l’accès des enfants à l’éducation. Dans ce contexte, Asmae a débuté en 2022 le programme « PEACE » qui doit bénéficier à plus de 8 000 enfants dans 3 pays: Burkina Faso, Égypte, Philippines. Il s’étend à la Côte d’Ivoire en 2023. Le programme vise à promouvoir le respect des droits à l’éducation et à la protection des enfants et des adolescents déplacés ou en situation d’exclusion.
Burkina Faso : le démarrage du projet marqué par une dégradation du contexte sécuritaire
L’intensification d’attaques terroristes dans les zones où les équipes et nos partenaires interviennent a marqué le début du programme. Ceci a eu pour conséquence d’accroître rapidement le nombre de personnes déplacées dans le pays jusqu’à atteindre près de 2 millions de personnes enregistrées fin 2022. Des manifestations ont également eu lieu dans plusieurs régions du pays pour protester face à la persistance des attaques. Face à cette instabilité sécuritaire et politique, les équipes d’Asmae et de ses partenaires ont suivi des formations sur le droit international humanitaire, la sécurité, et les comportements à adopter en cas de danger.
Le projet permet de renforcer l’accès et la qualité des services de développement de la petite enfance. L’outil pédagogique « Yam Wekre », est diffusé dans les Espaces Amis des Enfants (qui accueillent des enfants déplacés) pour améliorer les compétences psychomotrices, cognitives et langagières de ces derniers. En parallèle, une intervention en milieu communautaire est réalisée à travers la conduite d’activités, comme des ateliers ludiques ou des clubs de lecture. Ils ont pour but de divertir mais aussi d’identifier et d’accompagner des enfants à risque ou en danger. Nous avons aussi proposé un appui financier aux familles les plus vulnérables dans le cadre de ce projet. Après 1 an de mise en œuvre, 660 enfants ont été touchés par ces activités au Burkina Faso.
« Je reçois de l’aide de Asmae depuis que j’ai fui mon village, il y a 1 an avec mes parents, à cause des attaques des groupes armés. Asmae m’apporte beaucoup de choses : on joue, on apprend à lire, à compter ou bien à chanter. Avant, j’étais seule à la maison avec ma mère. Je n’allais pas à l’école et je n’avais pas d’amis avec qui jouer car je ne connaissais pas la ville. Aujourd’hui, je peux m’amuser avec mes nouveaux camarades et oublier les souffrances que nous avons vécu dans notre village. Je suis contente tous les jours grâce aux activités que les animateurs mènent dans mon quartier. Papa et maman viennent écouter les conseils lors des séances de sensibilisation pour mieux s’occuper de nous. »
Paloma, 8 ans – Burkina Faso
Philippines : renforcer l’aide aux enfants et aux jeunes Sama Ba’jau
Le programme « PEACE » est mis en œuvre aux Philippines auprès de l’ethnie Sama Ba’jau qui est poussée à quitter l’île de Mindanao dont elle est originaire en raison de conflits et du développement de projets miniers dans cette zone. Le début du programme a été marqué par un incendie en janvier 2022 sur les lieux d’habitation des Sama Ba’jau. Asmae a débloqué un fonds d’urgence et a permis la distribution de produits essentiels et la conduite d’activités d’accompagnement psychosocial. À ce jour, les familles affectées par les incendies sont retournées sur leurs lieux d’habitation et sont en attente de relocalisation. Le projet vise à promouvoir les droits des enfants au sein de cette ethnie et à renforcer les capacités de la communauté, à mettre en œuvre des projets avec les organisations de la société civile et gouvernementales. Pour cela, des formations sur les droits des enfants ont été mises en place auprès des conseils tribaux et des autorités locales ainsi que des plaidoyers pour traiter les causes du déplacement et de l’apatridie des Sama Ba’jau. Asmae a également développé des kits scolaires, afin de fournir des outils et des supports aux éducateurs de jeunes enfants.
« Lorsque j’ai rencontré les Jeunes Solidaires pour la Paix (JSP), j’ai appris beaucoup de choses. Au début, j’étais très timide pour m’exprimer et inter agir avec les autres, mais maintenant j’ai de plus en plus confiance en moi. Pendant le camp de la paix, j’ai eu l’occasion d’être l’un des jeunes animateurs et je me suis senti très fier de l’avoir fait. Je me suis prouvé à moi-même que je ne suis pas seulement un jeune déscolarisé. Lorsque nous avons commencé le défi des 30 jours, nous avons rencontré des difficultés et des malentendus, mais nous nous sommes quand même entraidés. Au début, nous nous demandions si quelqu’un allait nous écouter ou s’il y aurait des participants à nos activités, finalement nous avons constaté à quel point les activités intéressaient les jeunes et étaient amusantes. »
John, 23 ans – Philippines
Égypte : Lutter contre les violences à l’encontre des enfants dans les quartiers des chiffonniers
Le programme « Un Environnement plus Sûr pour les Enfants dans les quartiers défavorisés du Caire » a pour objectif de renforcer les services sociaux et les mécanismes de protection des enfants marginalisés vivant dans les quartiers de chiffonniers. Une étude a préalablement été réalisée sur les dynamiques communautaires avec un focus sur les enjeux de protection de l’enfance. Elle a montré que les violences contre les enfants sont un phénomène courant. En effet, elles sont largement répandues et sont commises à la fois par les parents et le corps enseignant. Selon l’UNICEF, 93 % des enfants âgés de 1 à 14 ans ont déjà été victimes de violences physiques ou psychologiques. Le harcèlement envers les enfants représente la deuxième violence la plus répandue, avant le harcèlement sexuel. Plusieurs témoignages récoltés dans l’étude sont alarmants notamment celui d’un père qui nous confie : « J’ai cassé la jambe de mon fils parce qu’il était en retard pour faire une course familiale ». Les conclusions de cette étude confortent la pertinence du projet « SEC ». 1 200 enfants et 600 parents sont ciblés par le programme. Des sessions de sensibilisation ont réuni 270 enfants et ont été l’occasion de communiquer des messages clés sur les droits à l’éducation, à la protection (notamment contre les violences et abus sexuels) et à un environnement sain. Les processus de signalement auxquels ils peuvent avoir recours leurs sont transmis lors de ces interventions.
« Je viens souvent au centre El Wahaa pour assister aux activités qu’Asmae organise avec Life Vision. Il y a eu une journée sportive en décembre. J’ai beaucoup apprécié les jeux auxquels nous avons joué et toutes les activités. J’ai appris au cours de cette journée que personne n’est autorisé à me toucher, sauf mon père et ma mère, et qu’ils ne doivent pas me frapper. J’ai également appris ce qu’était le changement climatique et que nous ne devions rien jeter dans la mer ou sur le sol et que nous devions garder notre environnement propre. Les activités aux quelles je participe au centre El Wahaa me permettent d’apprendre beaucoup de choses importantes que j’es saie d’enseigner à mes amis. »
Naël, 8 ans – Égypte
Asmae remercie les partenaires qui contribuent au financement du programme : Fonds de dotation Technip Energies, Soeur Emmanuelle Belgium, Paprec.