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Suite aux terribles explosions qui ont eu lieu sur le port de Beyrouth mardi 4 août, Asmae a décidé d’intervenir rapidement pour protéger les enfants et les familles libanaises qu’elle accompagne au quotidien avec ses partenaires. Notre représentant pays au Liban, Nadeem Khaddaj, a recueilli les témoignages de Lina* (14 ans) et Kyan* (8 ans) présents à Beyrouth lors des explosions. Ils nous racontent le moment où tout a basculé, la solidarité des jours qui ont suivi et leurs inquiétudes pour le futur.
Nadeem Khaddaj : Où étiez-vous et que s’est-il passé?
Lina : J’étais chez mes grands-parents avec ma tante, nous avons entendu un son similaire à celui d’avions. Nous étions inquiets et j’ai demandé à ma tante de rentrer à l’intérieur. Nous avons entendu la première explosion mais mon grand-père nous a dit de ne pas nous inquiéter, que c’était les avions qui avaient dû franchir le mur du son.
Puis la deuxième énorme explosion a retenti, cela nous a projeté du milieu de la pièce jusqu’à l’extérieur au niveau de l’entrée principale. Nous sommes tombés les uns sur les autres et ma grand-mère s’est effondrée en se blessant le front.
La porte principale de nos voisins a également explosé et est tombée sur nous. Nous nous sommes assis pendant deux minutes sur le sol, perdus et ne comprenant pas ce qu’il s’était passé, nous étions presque inconscients.
Nous avons commencé à crier et à hurler de peur. Mon oncle, qui vit à proximité a également été blessé à cause d’une chute de briques provenant du plafond, est arrivé et a commencé à nous réconforter un peu.
Ma mère, qui a vu l’explosion de loin, m’a appelé en pleurant et en hurlant. Je l’ai réconfortée, puis nous avons essayé de ranger nos affaires et couvert la porte principale. Nous sommes partis aussitôt à la montagne, à l’extérieur on ne voyait pas grand-chose, tout était dans la poussière jaune.
NK : Qu’est-ce qui vous rend le plus triste?
Lina : Nous sommes retournés dans la maison de mes grands-parents et avons découvert qu’il y avait beaucoup de dégâts et que certaines personnes avaient perdu toute leur maison. Nous avons commencé à aider, en distribuant de la nourriture, en nettoyant les rues et les maisons en enlevant les débris. Nous avons pensé à ce moment-là que notre souffrance était peut-être moins importante que celle de nos voisins et d’autres personnes. Ce qui nous a rendu le plus triste, c’est que nous avons perdu des personnes que nous connaissions et que d’autres sont gravement blessées.
NK : Comment percevez-vous l’avenir au Liban, quels sont vos rêves, quelles sont vos inquiétudes, qu’espérez-vous du futur ?
Lina : Nous craignons que si la situation continue de cette façon, que nous soyons à court d’argent et incapables de survivre. Nous avons peur de ne pas pouvoir continuer à avoir le même niveau de vie qu’avant, que notre situation régresse.
NK : Que voulez-vous faire plus tard ?
Lina : Je veux être dentiste.
NK : Et toi Kyan ?
Kyan : Je veux devenir soldat
NK : Qu’est-ce que vous avez ici ?
Lina : Ici, nous avons le chômage
NK : En ce moment, il y a des personnes qui veulent vous soutenir depuis la France, que voulez-vous leur dire ?
Lina : Nous nous sentons heureux et réconfortés par le soutien de la France.
Kyan : Nos proches y vivent et nous aimons qu’ils y vivent en paix.