En Seine-Saint-Denis, 4300 enfants, dont 2500 âgés de 0 et 6 ans, vivent dans 127 hôtels sociaux. Les conditions de vie en hôtel social sont très précaires et perturbent le développement cognitif et psychomoteur de l’enfant. En 2006, Asmae ouvre La Chrysalide, un centre d’hébergement pour les mères seules très fragilisées, avec des enfants en bas âge. Dix ans plus tard, au sein de la crèche familiale de cet établissement, on retrouve un Lieu d’Accueil EnfantsParents (LAEP), pour offrir un espace d’écoute, d’échanges et de jeux libres. En 2020, Asmae étend son intervention en développant une unité mobile du LAEP qui va à la rencontre de ces familles, 3 jours par semaine dans 3 hôtels sociaux du 93. Sandra Palisse, ex-coordinatrice de ce projet intitulé « Espace Petits Pas », répond, avec engagement et conviction, à nos questions dans cette interview.
Selon vous, quels points caractérisent le plus le projet « Espace Petits Pas » ?
La bienveillance, que ce soit dans l’accueil des enfants et des familles, ou bienveillance du regard que nous portons et soutenons lorsque nous nous adressons aux enfants et à leurs accompagnants. Le partage de l’instant avec respect et neutralité de ce que l’on voit, de ce que l’on échange, de ce que l’on reçoit, et de ce que l’on donne en tant qu’accueillants.
Quelle est la situation des enfants qui en bénéficient, et qu’est-ce que ce projet change concrètement pour eux ?
La précarité des hébergements ne permet pas aux enfants un développement harmonieux. « L’Espace des Petits Pas » leur permet de se mouvoir en liberté, crier, sauter, jouer, faire des allers-retours sécurisant auprès de l’adulte de référence. L’espace permet aux enfants de se rencontrer, d’appréhender l’autre différent de soi…
Pourriez-vous nous raconter le déroulement d’une journée type ?
L’équipe d’accueillants part de la crèche familiale « L’ile aux enfants » où se trouve notre bureau, le matin, avec le véhicule de service de « l’Espace Petits Pas » coffre chargé ! Des caisses de jeux, des tapis, et la journée peut commencer. Nous arrivons vers 10 h 00 sur les lieux d’accueil et nous partons à 16 h 00. Sans inscription, les familles arrivent quand elles le souhaitent et pour la durée qu’elles souhaitent. En fin d’après-midi nous repartons à Bobigny, pour débriefer entre nous de l’accueil et désinfecter les jeux et jouets, afin que ce soit propre pour l’accueil du lendemain !
Avez-vous eu des retours / impressions des familles sur ce dispositif qui a été mis en place ?
Les familles sont satisfaites de ce dispositif. Certaines s’en saisissent toutes les semaines, d’autres ponctuellement. Sur l’un des lieux d’intervention, il y a une majorité d’enfants d’âge scolaire. Avant de réévaluer la pertinence de nos interventions, on y intervenait les lundis. Les familles ont demandé à ce que nous puissions changer notre journée de présence. Et à juste titre ! Ainsi, à partir de mi-octobre nous changerons notre organisation pour répondre au plus près aux besoins des enfants et des demandes identifiées par les familles.
Quel message voudriez-vous transmettre aux personnes qui ont participé et soutenu le projet ?
Nous travaillons sur des notions importantes, celle de l’égalité des chances entre autres. Nous permettons à des enfants de bénéficier d’un lieu adapté pour qu’ils puissent jouer, ce qui est fondamental. Le jeu permet le développement de la capacité de penser, réfléchir, se socialiser, vivre des expériences… Nous poursuivons le travail de Sœur Emmanuelle et nous « aidons les enfants à devenir des hommes libres ». Alors, un grand merci à vous !
Comment envisagez-vous l’avenir du projet ?
Il est à espérer que le projet puisse s’étendre, se développer, s’accroître sur les territoires, tant d’enfants, tant de familles sont hébergées dans des lieux précaires. Il y a encore tant à faire, et tellement de besoins !