Au cours de l’année écoulée, nous avons lancé nos deux premiers projets en Côte d’Ivoire. Dans un contexte social et économique complexe pour les jeunes, nous œuvrons pour favoriser leur insertion professionnelle mais aussi pour renforcer l’accès et la qualité des services et interventions auprès de la petite enfance. Rozenn Coraud Kiendrebeogo, qui supervise la mise en œuvre de nos actions dans le pays, revient sur les défis et réussites de cette première année.
Dans quel contexte intervient Asmae en Côte d’Ivoire ?
Avec plus de 5,5 millions d’adolescents, dont un tiers ne sont ni scolarisés, ni en emploi, ni en formation, la situation est préoccupante en Côte d’Ivoire. La majorité des adolescents et des jeunes affirment avoir subi, au cours de leur enfance, des violences physiques, émotionnelles ou sexuelles. Les garçons sont davantage exposés aux violences physiques et les filles aux violences émotionnelles et sexuelles. Elles sont notamment victimes de pratiques néfastes telles que les mutilations génitales féminines et les mariages forcés. La dégradation du contexte sécuritaire dans le Sahel, notamment au Mali, au Burkina Faso et au Niger, entraîne des mouvements de populations vers la Côte d’Ivoire, dont une partie est en âge d’être scolarisée.
Certaines catégories d’enfants, comme ceux en situation de handicap ou de rue voient leurs droits bafoués.
Quels sont les deux projets mis en place à Korhogo ?
Le premier, « PEACE », est conçu pour identifier rapidement les enfants à risque, victimes de violences, en grande vulnérabilité ou en situation de handicap. En collaboration avec nos partenaires, nous organisons des interventions précoces dans les communautés. Ces séances débutent par du théâtre forum pour sensibiliser sur des sujets tels que la violence envers les enfants, la négligence parentale, ou encore les besoins liés à l’éveil de l’enfant. Des activités sont ensuite organisées pour identifier les enfants dans le besoin. Des moments d’écoute avec les parents sont également prévus. Après ces séances, les travailleurs sociaux commencent à accompagner les enfants identifiés et leurs familles. Le second, « Jeunesses Actrices de leur Avenir » est mis en œuvre avec notre partenaire ANAED. Il vise à identifier les jeunes entre 14 à 25 ans qui n’ont jamais été scolarisés ou qui ont été déscolarisés, afin de leur offrir une formation et un accompagnement vers l’emploi sans discrimination de genre.
Quels résultats avez-vous obtenus sur cette première année ?
L’année 2023 est marquée par l’ouverture de la mission en Côte d’ivoire : nous avons pu recruter l’équipe composée de la Responsable administratif et financier ainsi que de deux chefs de projet, nous avons ouvert le bureau à Korhogo, mis en place tout le système administratif et financier… Quelques activités de renforcement de capacités sur la protection des enfants, le dispositif d’intervention précoce et la gestion de cas ont été données aux acteurs de la protection de Korhogo : 23 personnes ont été formées. Les premières activités auprès des bénéficiaires ont démarré en janvier 2024.
Quel souvenir vous a le plus marqué ?
Le souvenir le plus marquant pour toute l’équipe en 2023 est lorsque nous avons pu emménager dans nos locaux en novembre.
Après 1 an et demi de préparation, le moment était enfin venu d’officialiser l’ouverture ! Le début pour Asmae, à travers nous, de commencer une nouvelle aventure pour le bien-être et l’épanouissement des enfants et des jeunes à Korhogo.
Quelles sont les prochaines étapes pour Asmae en Côte d’Ivoire ?
En 2024, des interventions précoces seront organisées à Korhogo avec nos partenaires pour offrir un accompagnement social global aux enfants et à leurs familles. Parallèlement, les jeunes sont en cours d’inscription pour entrer en formation au centre de notre partenaire ANAED. Asmae, ANAED et l’Agence Emploi Jeune travailleront ensemble pour offrir une formation de qualité aux jeunes et renforcer leurs compétences psychosociales. Notre étude des mouvements de population nous fait aujourd’hui envisager un déploiement d’activités à Ferkéssédougou, une ville qui accueille de nombreux demandeurs d’asile. Enfin, nous souhaitons développer un projet de protection des enfants handicapés, en mettant l’inclusion au cœur de son action pour une meilleure justice sociale.