De 2020 à 2023, le projet Mivelatra a eu pour objectif d’améliorer l’éducation et la protection de 3721 filles et garçons malgaches, par l’accompagnement de 7 associations locales. Il ciblait des enfants âgés de 3 à 18 ans en situation de vulnérabilité à Antsirabe. Une nouvelle phase du projet débutera en 2024. Raphaëlle, notre conseillère technique Accompagnement Parental et Éducation Inclusive, nous raconte son expérience sur le projet.
Quels étaient les objectifs du projet ?
En lien avec l‘Objectif de Développement Durable N°4 de l’ONU, notre objectif principal est de veiller à ce que tous et toutes puissent suivre une éducation de qualité dans des conditions d’équité. C’est aussi de promouvoir les opportunités d’apprentissage tout au long de la vie. Les partenaires du projet accueillent des enfants en situations de rue, en réinsertion sociale et scolaire et des enfants placés. Pour renforcer le travail auprès de ces enfants, le premier objectif du projet était de renforcer les compétences organisationnelles, la gouvernance et la recherche de financement des partenaires qui accompagnent ces enfants. Le second était de renforcer les capacités des partenaires accompagnés dans l’éducation, l’accompagnement parental et la protection des enfants, filles et garçons. Et enfin le dernier était de capitaliser et diffuser des bonnes pratiques auprès de la société civile.
Quelles actions/activités ont été mises en place ?
Nous avons privilégié la mise en place d’ateliers de sensibilisation et de formations auprès des éducateurs, animateurs, professeurs, en lien avec les besoins des partenaires. Les sujets suivants ont été travaillés : la communication non-violente, le développement psychoaffectif de l’enfant, la pédagogie active, le genre, la gestion de classe. Des ateliers collectifs ont permis l’utilisation des outils pédagogiques d’Asmae : Sary Fetsy, Fosavirus et Famille Voyelle, qui sont des supports visuels adaptés aux enfants, dès le préscolaire.
Quel rôle aviez-vous dans la réalisation de ces actions ?
Les conseillers techniques sont comme des boîtes à outils à disposition des partenaires, les ateliers dispensés par les conseillers techniques sont élaborés par Asmae, en interne ou avec l’aide de consultants extérieurs.
Comment avez-vous impliqué les bénéficiaires dans le cadre de ces actions ?
Les besoins des enfants évoluent tout au long de l’accompagnement, ce qui implique d’être dans une démarche «d’aller-vers » et de participer aux activités des structures partenaires : maraudes, nuits au centre d’hébergement temporaire, visites à domicile ou encore de participer à une journée en classe de préscolaire, de l’accueil à la récréation. Aussi, nous partons régulièrement d’une situation vécue par le professionnel pour amorcer un atelier, une séance de sensibilisation ou encore des formations. Également, des rencontres régulières avec les professionnels et leur hiérarchie, de manière individuelle et collective, permettent d’ajuster notre accompagnement au plus près des besoins des enfants et des professionnels à court et moyen terme.
Quel impact avez-vous pu relever sur les enfants et les partenaires ?
Plusieurs bonnes pratiques sont maîtrisées et appliquées par les 26 éducateurs et éducatrices accompagnés sur la communication non-violente, l’autorité bienveillante envers les enfants, la compréhension des besoins et émotions, enfin la pédagogie active avec le renforcement positif comme alternative à la sanction. Sur les trois années du projet Mivelatra, 66 éducateurs et éducatrices ont bénéficié d’un accompagnement individuel personnalisé et 3 721 enfants et jeunes ont bénéficié d’une meilleure prise en charge par la mise en place de 2 nouveaux outils / activités. Les professionnels ont plus de facilité à exprimer les freins qu’ils rencontrent sur le terrain, sans honte et dans une envie de faire mieux, faire bien. Les nombreuses remises en question sur leurs pratiques professionnelles ont permis de restaurer leur confiance en eux et leurs capacités à s’exprimer. Aussi, la confiance instaurée entre Asmae et les partenaires du projet n’est pas quantifiable mais elle permet de continuer l’accompagnement par les conseillers techniques en phase II du projet Mivelatra qui a débuté en 2024.
Quel est votre plus beau souvenir lors de la mise en place de ce projet ?
Mon plus beau souvenir est une nuit passée au Centre d’Hébergement Temporaire de Grandir à Antsirabe, où j’ai pu voir l’impact de la communication non-violente sur les enfants : les éducateurs ont su gérer une situation de conflit entre deux enfants en prenant en compte les ressentis de chacun. Les deux enfants ont pu utiliser les cartes des émotions pour exprimer leurs ressentis. L’un des éducateurs me confiera plus tard que c’était la première fois que son collègue et lui-même n’avaient pas eu recours au chantage ni à la punition, que la communication non-violente « ça marchait vraiment ! ».
Asmae remercie les partenaires qui contribuent au financement du projet : DCI et Illis.